mercredi 10 octobre 2012

Versailles revisité (3) : France, mère des lois.


Outre l'émotion, l'intérêt, le plaisir, une visite à Versailles inspire forcément à reconnaître ce qu'il y a de plus intrinsèque dans l'âme française. Regardez le château, observez bien les jardins  : vous verrez la symétrie, l'harmonie, la douceur des couleurs, des formes, des perspectives mais aussi ce que ces bonheurs comportent de rigueur, de choix, de rectitude. Ce que l'équilibre  classique peut coûter d'efforts et de sacrifices ! Quelle souffrances les créateurs de ces splendeurs ont-ils endurés pour y parvenir ?

C'est bien cette ascèse en vue de  l'accord agréable qui a servi de ressort à l'édification de la France.

Portez alors votre regard au-delà, dans le passé et dans l'espace. Vous considèrerez que c'est  ainsi qu'autrefois les lois étaient faites. Pour maintenir et construire l'ensemble commun, même au prix élevé , car seul le résultat à terme compte. 

Ainsi, Louis XIV a révoqué l'Edit de Nantes. Chacun aujourd'hui s'accorde à qualifier  cette décision d'erreur, même parmi ceux dont l'indifférence à la pensée dominante contemporaine est prouvée ( Dimitri Casali, Yvan Rioufol, par exemple ). Pourtant, à y regarder de plus prêt, l'orientation choisie par le Roi Soleil est-elle si absurde et si scandaleuse ?

Les critiques reprochent d'abord à la Révocation de l'Edit de Nantes sont caractère anti-tolérant. Ce point de vue induit que l'Edit de Nantes soit une décision dictée par la tolérance. Or ce terme n'avait pas la même signification à l'époque d'Henri IV ou de Louis XIV, et à la nôtre. Aujourd'hui , nous savons tous ce qu'il signifie , ou nous ne savons plus, mais il n'est nul besoin de développer. Autrefois, il s'agissait de supporter ce que l'on n'aime pas. Henri IV a bien eu raison de mettre fin aux guerres de religions par l'Edit de Nantes. L'a-t-il fait par tolérance ? Non puisque converti au catholicisme pour les besoins de la cause, il ne pouvait pas ne pas aimer  ses anciens coreligionnaires. Il l'a fait parce que les circonstances l'exigeaient pour maintenir l'unité du royaume, à ce moment précis.

 A mon avis, le roi très catholique qu'était Louis XIV, quant à lui, n'était tout de même  pas sot au point de haïr une partie des sujets de son royaume à raison de leurs  convictions religieuses. S' il a pris la décision en cause, ce n'est donc pas par intolérance.

Mais pour d'autres motifs. 

Le souverain à considéré  le principe premier qui gouverne à l'édification du royaume de France : ce qui fait l'unité de ses peuples, c'est la Couronne  et la religion catholique . Par conséquent, le présence sur le territoire de fidèles protestants actifs, laborieux et intelligents constitue pour le présent et surtout à  terme une menace centrifuge qu'il convient de prévenir. Ils ont été nombreux à lui reprocher cette analyse, Vauban en tête. Mais le même principe qui avait dicté à son prédécesseur de prendre acte en un sens, lui imposait d'en prendre un dans l'autre sens.

Le roi et Colbert ignoraient-il le coût de cette sanction ? Je l'ignore, mais j'ai peine à le croire. La fuite d'une partie des protestants qui suivi la Révocation de l'Edit de Nantes a sans aucun doute été une épreuve pour le pays ( d'autant que les descendants de certains sont devenus d'excellents viticulteurs et rugbyman ...en Afrique du Sud). La persécution plus ou moins  larvée qui suivi ( dragonnades, révolte des camisards ...) une plaie lancinante dont se sont nourris les philosophes des Lumières, non sans arguments valables.

Je prétends pour ma part que cette révocation fut douloureuse pour ce roi, qui ne s'y est résolu que convaincu de sa nécessité impérative ( et non sous la pression des "lobbys" catholiques, dont il devait bien se moquer intérieurement).

Mais que se serait-il passé si l'Edit de Nantes avait été maintenu ? les protestants se  seraient -ils contentés des strapontins nationaux accordés par Henri IV ? Seraient-ils restés loyaux à un roi au mieux indifférent à leur revendications ? Auraient -ils été tentés par la trahison comme par le passé ? Nul ne le saura jamais. Et tant mieux,  grâce à la révocation de l'Edit de Nantes.

Et puis, si vous n'ètes pas convaincus par mes arguments décisifs, n'oubliez pas que Louis XIV avait   l'excuse de ne pas connaître le rugby.

Voilà une illustration de décision difficile, contestable, contestée, et pourtant prise, dans l'idée de maintenir, de cultiver l'unité Française, fusse au prix le plus fort.

Veuillez maintenant comparer avec le spectacle politique que nous avons sous les yeux. Faut-il vraiment décrire l'état  de décrépitude qui prévaut à la façon dont nos lois sont décidées ? D'abord elles sont pour certaines convenues ailleurs qu'en France. Ensuite, quant une autorité nationale est par hasard compétente, elle agit pour déliter un peu plus ce qui constitue l'ossature historique de notre pays :

-formellement : par une multiplication de textes anarchiques sur tous les  sujets y compris  hors du champs public, y compris sur le terrain pénal.

-sur le fond : par un laissez aller et un laxisme au mieux profitable à court terme, mais suicidaire à moyen terme avec certitude.

Sans la rectitude classique qui la caractérise, à l'image de l'architecture du château  de Versailles, la France s'enfonce au fil des décennies dans une identité qui n'est plus la sienne et qui la détruit aussi sûrement qu'un cancer porte à sa perte  l'organisme qu'il envahit. Elle s'éloigne de la sorte de son idéal harmonieux et devient une sorte de vitrine officielle du chaos bien loin de l'équilibre exigeant qui fait pourtant son génie.

Le soucis rigoureux et  raisonné de clarté à laissé la place au bordel émollient. La France ne peut y survivre. Elle n'est plus la fille aînée de l'Eglise. Elle n'est plus mère des lois. Elle n'est plus mère des arts.Elle n'est plus mère des armes. Elle n'est plus grand chose à vrai dire, sinon un endroit un peu moins désagréable que d'autres parce que les châteaux y sont beaux, les vins goûteux, les ballons de rugby ovales, la cuisine savoureuse, et les hommes politiques risibles ( et on n'a pas tant que ça de sujets de rigolade).

Mais enfin, si Louis XIV revenait , je suppose qu'il serait un peu mélancolique. Et qu'il prendrait une bonne dose de Prozac.



















1 commentaire:

  1. Et en plus, aujourd'hui pour égayer le tout, nous avons dix millions de musulmans!
    Ca lui ferait drôle, ça à Louis XIV, il lui faudrait une sacrée dose de prozac...
    Amitiés.

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