jeudi 9 janvier 2014

Des vœux pour 2014 : passéiste pride.









Il est encore temps de souhaiter à tous les lecteurs de Sécession Intérieure une excellente nouvelle année, qu’elle puisse en dépit des vicissitudes du temps présent, lui apporter bonheur, santé et prospérité.

Cette période est propice à cette tradition des vœux, aux bonnes résolutions et au bilan de l’année passée. Elle est l’occasion principale de mesure du temps qui passe avec une valeur plus universelle que les anniversaires. Ceux d’entre-nous qui émargent  sur cette « bonne vieille terre » (comme dirait le capitaine Haddock) depuis un certains temps, ne peuvent se retenir de regarder en arrière plus volontiers que vers le futur.

Il en est  qui inclinent à cette disposition d’esprit  tous les jours de l’année. Ils sourient à leur passé réel ou fantasmé. Ils apprécient les neiges d’antan davantage que le soleil d’aujourd’hui. Ils hument avec envie les senteurs d’autrefois qu’ils préfèrent aux effluves contemporaines. Leurs souvenirs leurs sont chers et ils ne voient le présent qu’avec indifférence et l’avenir qu’avec méfiance. Ceux-là sont les maudits du monde post-moderne.

L’idée de progrès historique, pièce capitale de la pensée dominante,  s’est ancrée dans l'esprit du temps. Sa conséquence est implacable : puisqu’aujourd’hui est nécessairement mieux que jadis, c’est que naguère était moins bien qu’aujourd’hui. En niant cette évidence, les admirateurs du passé s’égarent donc et cèdent à la facilité des « hiers » qui chantent. La pensée de l’homme doté d'un rétroviseur s'en trouve réduite  au  « tout fout le camp ». Il est donc un dément, ou un sombre réactionnaire, l’un n’excluant évidemment pas l’autre. Il n’a pas sa place dans le monde post-historique  que décrivait Philippe Muray.

Et pourtant, force est de reconnaitre que la tendresse pour les temps révolus n’est pas une attitude dénuée de sens. Elle porte naturellement à la connaissance historique dont il n’est pas utile ici de ressasser la nécessité. Elle est tout aussi spontanément un moyen de respecter ses ancêtres, plutôt que de les considérer comme des imbéciles, des oppresseurs ou des opprimés, ce qui ouvre la voie à des lendemains  plus sereins. Elle autorise la « mise en perspective » des questions d’aujourd’hui  avec une pertinence beaucoup plus fine que les soubresauts hiératiques des chaînes d’information permanente, les débats  télévisés ou l'opinions du premier "people" venu.  

L’esprit critique prend ses racines dans l’histoire, et j’ose le dire, dans le passéisme. 

La nostalgie pour les temps passés n’est donc pas une attitude facile, ou stupide, ou vaine, ou stérile, comme  nos amis du Côté Obscur voudraient nous le faire accroire. Elle est la condition exigeante d’un avenir aussi acceptable que possible.

Alors, si vous aussi vous vous sentez passéistes, soyez-en fiers, morbleu !

Vive 2014 !